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vêtement. Avant l’arrivée des blancs, la manière de tuer le gibier était très-simple  ; elle consistait ordinairement en stratagèmes et en pièges que les sauvages tendaient aux animaux. Ils ont recours encore aujourd’hui à leur ancienne méthode, surtout dans la chasse des grands ruminants, lorsqu’ils n’ont point de chevaux capables de les poursuivre, et qu’il leur manque de la poudre et du plomb.

La trappe pour prendre les bisons dans un enclos ou parc est une de leurs méthodes primitives et peut-être la plus remarquable dans son exécution  ; elle demande beaucoup d’adresse et de ponctualité  ; elle donne une haute idée de la sagacité, de l’activité et de la hardiesse du sauvage. Comme dans toutes les occasions importantes, les jongleurs naturellement sont consultés et la chasse est précédée d’une grande variété de pratiques superstitieuses. J’ai été témoin d’une de ces scènes ou cérémonies au pied des montagnes Rocheuses  ; elle mérite, je pense, d’être rapportée dans ses détails  ; je vais tâcher de vous en faire le récit fidèle.

C’est un fait assez connu que les bisons parcourent les grandes plaines de l’Amérique en bandes ou troupeaux de plusieurs centaines et même de plusieurs milliers. Dans presque tous mes voyages, j’ai vu souvent de mes propres yeux, d’aussi loin que je pouvais distinguer quelque chose dans ces immenses prairies, un nombre considérable de ces nobles animaux se