Page:De Smet - Lettres choisies,1875.djvu/201

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dès sa tendre enfance. Dès qu’il est capable de manier un petit arc, c’est la première arme que son père lui met entre les mains, pour lui apprendre à tirer aux oiseaux et aux petits animaux. Les jeunes Indiens sont initiés de bonne heure à tous les stratagèmes  ; on leur apprend avec autant de soin à s’approcher du gibier et à le tuer, qu’on en met, dans une société civilisée, à apprendre aux enfants les éléments de la lecture, de l’écriture, de l’arithmétique.

Un bon chasseur indien connaît les habitudes de tous les quadrupèdes auxquels on peut donner la chasse  ; il sait les endroits qu’ils fréquentent de préférence  ; il est essentiel qu’il sache distinguer l’espèce de nourriture qu’un animal recherche le plus, et le temps favorable auquel il quitte son gîte pour l’obtenir. Le chasseur doit être au courant de toutes les précautions à prendre pour tromper l’oreille attentive et les instincts de ses futures victimes  ; il doit pouvoir apprécier la trace d’un animal qui vient de passer, le temps qui s’est écoulé depuis son passage, et la direction qu’il a prise. L’atmosphère, les vents, les pluies, les neiges, les glaces, les forêts, l’eau sont les livres que lit l’Indien, qu’il consulte et qu’il examine, lorsqu’il quitte sa loge pour aller faire une chasse ou une traque.

Les tribus nomades subsistent principalement par la chasse : la chair des animaux leur procure la nourriture, et les peaux leur fournissent le