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catum, le Dysodia chrysanthemoides, l’Ellisia nyctàgene, le Panicum virgatum.

À l’entour de leurs retraites, ils élèvent la terre à environ un ou deux pieds au-dessus du sol, et c’est assez pour les mettre à l’abri des inondations qui, dans la saison des pluies ou à la fonte des neiges, les engloutiraient avec toutes leurs petites espérances. Guidés par un instinct prévoyant, ils ramassent soigneusement les pailles éparses dans la plaine et les portent dans leur asile, souterrain, pour se prémunir contre les rigueurs de l’hiver. Aussitôt qu’ils s’aperçoivent de l’approche d’un cavalier, l’alarme se communique rapidement à tous les citoyens de cette singulière république. Ils quittent leurs habitations, lèvent la tête, dressent les oreilles avec inquiétude, et regardent avec anxiété… Tous se tiennent debout à l’entrée de leurs demeures, ou sur l’ouverture de leurs monticules coniques, et après un court instant de silence, c’est un chorus général d’aboiements perçants et plusieurs fois répétés. Pendant quelques instants on ne voit que vie, mouvement et agitation dans le vaste champ qu’ils habitent. Mais au premier coup de fusil, tout est tranquille, chacun a disparu avec la rapidité de l’éclair. Une petite espèce de hibou et les serpents à sonnettes semblent entretenir des relations amicales avec le chien de prairie : on les voit ensemble à l’entrée des gîtes  ; et dans l’alarme générale, à l’approche de l’ennemi, c’est dans le même asile qu’ils cher-