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les tribus de tous ces parages. Bien souvent les sauvages m’ont affirmé sérieusement avoir rencontré des revenants, et s’être promenés et entretenus avec eux. Ils soutiennent même que presque chaque nuit on peut les entendre près des endroits où des morts ont reçu la sépulture. Le bruit qu’ils font, disent-ils, ressemble à des sifflements  ; quelquefois ils contractent leur corps en tous sens, comme il arrive aux personnes attaquées d’épilepsie. Peu d’hommes auraient le courage d’entrer seuls la nuit dans un cimetière, à moins qu’il n’y eût quelque objet de grande valeur à gagner  ; dans ce cas la cupidité l’emporterait sur la peur. Une femme n’oserait jamais entreprendre une telle équipée.

Les Assiniboins tiennent beaucoup à l’usage de s’assembler, une ou deux fois dans le courant de l’année, autour de la dépouille de leurs proches parents. Ces restes mortels sont placés sur des échafaudages élevés de sept à huit pieds au-dessus du sol. Les sauvages appellent les défunts par leurs noms et leur présentent des mets bien cuits, qu’ils placent à côté d’eux. Ils ont soin toutefois de consommer eux-mêmes les meilleurs morceaux, à l’imitation des anciens prêtres des idoles, qui offraient à leurs fausses divinités le cœur, le sang, les nerfs et les morceaux durs à digérer, et faisaient honneur eux-mêmes à tout ce que l’animal sacrifié offrait de plus délicat. Les funérailles parmi les Indiens se terminent par des pleurs, des macérations, des cris, des hurlements de la part