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maladie et pour éviter la destruction des leurs que les sauvages font des présents au loup et qu’ils lui adressent des supplications et des prières. Dans les autres cas, ils le craignent peu  ; il ne fait pas de mal à l’homme, mais il est redoutable au gibier et cause de grands dégâts sous ce rapport, surtout parmi les tout jeunes veaux de buffle, les cabris, les chevreuils, les antilopes, les lapins sauvages, etc.

Le petit loup est en grande vénération parmi les Assiniboins. Il s’approche d’ordinaire du camp pendant la nuit  ; dès qu’un sauvage entend ses cris, il en compte avec grand soin le nombre, fait attention s’ils sont vifs ou lents, forts ou faibles, et de quel point de l’horizon ils viennent. Ses remarques sont ensuite livrées à la discussion parmi les hommes de médecine, qui en tirent tant bien que mal des pronostics. Le petit loup est venu leur annoncer, pour le lendemain, soit une visite d’amis, soit une attaque des ennemis, ou une grande abondance de buffles. On détermine de quel côté arriveront ces buffles, ces ennemis, ces amis  ; quel sera leur nombre, etc. Très-souvent les Indiens règlent leurs mouvements et leurs marches sur de pareils augures. Et si, parfois, une rencontre a lieu conformément à l’explication donnée des cris du petit loup, un grand festin a lieu pour célébrer le mérite du jeune carnassier.

La croyance à l’existence des esprits ou aux revenants est très-profonde et très-commune parmi