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tirent leurs flèches en l’air, et poussent des cris et des hurlements effroyables, pour mettre en fuite les ennemis du Maître de la lumière. Leur prétendu succès est suivi de grandes réjouissances.

L’ours est la terreur des Peaux-Rouges par les accidents graves qu’il leur cause, surtout lorsqu’ils le rencontrent dans une épaisse forêt. Chaque année, quelques Indiens perdent la vie ou sont blessés grièvement par ce terrible animal. Ils lui adressent donc aussi des prières et des invocations  ; lui font des sacrifices de tabac, de colliers et d’autres objets  ; célèbrent des festins en son honneur, pour obtenir ses faveurs et pour apprendre de lui à le vaincre sans accident. La tête d’un ours abattu est souvent conservée dans le camp plusieurs jours  ; on la place dans un endroit apparent, ornée de petits morceaux d’écarlate ou de drap rouge, et de plumes coloriées. On lui présente le calumet et on lui demande la faveur de tuer les ours ses confrères sans danger, et de se frotter ensuite de leur belle graisse, enfin de faire un bon régal de leur chair succulente.

Le loup est également honoré parmi les sauvages. Cependant la plupart des femmes ne voudraient à aucun prix travailler sa peau. Le seul motif que j’ai pu découvrir de cette bizarrerie, c’est que quelquefois ces animaux sont atteints de la rage, mordent par conséquent ceux qu’ils rencontrent et communiquent ainsi l’hydrophobie. C’est sans doute pour échapper à cette terrible