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joie mêlée à des sentiments religieux de respect et de vénération. Pour assister à cette grande solennité, souvent trois à quatre cents loges, soit autant de familles, se réunissent dans une plaine ou un autre endroit convenable aux différentes cérémonies. Un seul individu est nommé grand prêtre. Il dirige tous les détails religieux de la fête. Une espèce de salle est construite avec une trentaine de loges de peaux de buffles. Chaque loge se compose de vingt à vingt-quatre peaux, tendues sur un grand nombre de poteaux plantés en terre, à la hauteur de sept ou huit pieds au-dessus du sol. Au sommet de ces poteaux sont attachées des perches placées en travers, au nombre de plusieurs centaines ; chaque individu y attache l’objet qu’il désire offrir en sacrifice. Ces objets consistent en fourrures de différents animaux, superbement travaillées, garnies de graines ou perles en porcelaine et en verre, ornées de plumes colorées ; viennent ensuite des colliers de différentes grandeurs ; des habits et ornements de toutes espèces, je tout étalé de manière à présenter aux yeux des sauvages une sorte d’exposition riche et variée. Vis-à-vis de cette salle, à laquelle ils donnent le nom de Grande loge de médecine, ils dressent une haute perche, à laquelle tous les chefs et soldats attachent leurs sacs de médecine contenant les idoles ; leurs flèches, leurs carquois et les trophées remportés sur les ennemis, surtout les chevelures. Le mât ou la perche est un arbre, dont