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fou.  » En débarquant à Boston, il se fit plusieurs ablutions, au grand amusement de tout le monde, déclarant «  qu’il se lavait des dernières ordures de l’Europe  !   » M. Tapon gagna la ville, et nous le perdîmes heureusement de vue.

C’est un fanatique de plus dans ce pays, qui en a déjà reçu par milliers de toutes les contrées de l’Europe. L’Amérique s’en ressent déjà : ces individus commencent à se remuer, à parler, à vouloir changer la Constitution de la grande république, et faire des États-Unis un pays de proscription, surtout contre les catholiques. Les meurtres, les incendies d’églises, les persécutions contre les prêtres, et bien d’autres maux se multiplient. C’en est fait de la liberté si le radicalisme européen prévaut sur le sol de l’Union. Nul pays au monde ne saurait offrir autant de succès aux radicaux, et l’on craint avec raison que cette belle confédération, si heureuse d’abord, ne soit transformée bientôt, par les trames et les menées des libertins et des démagogues européens, en une arène de divisions, qui causeraient sa ruine. Déjà les noms de liberté, de droits du peuple, deviennent synonymes de crime, de violence, et cette transformation liberticide désole les citoyens honnêtes, probes et sensés.

Mais revenons à notre sujet. Toute la journée du 29 fut belle et notre traversée heureuse d’Halifax à Boston, où nous abordâmes la nuit. Nos Pères nous y reçurent à bras ouverts  ; leur bonté