compagnons. Je pris le jeune Hègle près de moi et l’y retins aussi longtemps que dura le danger ; j’avais une corde en main pour le descendre dans le premier esquif qui serait lancé à l’eau ; car cet enfant m’avait été confié par son père. Tout le monde s’était levé en sursaut ; l’épouvante et l’effroi avaient gagné tous les cœurs ; en même temps que l’eau entrait dans le navire comme un torrent, le feu s’y déclara. On parvint à l’éteindre, mais non sans de grands efforts, beaucoup de présence d’esprit et une mâle énergie de la part du premier ingénieur du bord. Pour comble de malheur, et comme si tout conspirait à nous perdre, un brouillard s’éleva si épais qu’il nous ôta la vue à trente pas du navire. On employa toute la force de vapeur pour gagner le rivage, qui était encore à une distance de deux lieues ou six milles. Le bateau ne tarda pas à pencher fortement du côté de bâbord[1] où la voie d’eau s’était faite, et il s’enfonça sensiblement. On travaillait à tour de bras pour lancer les chaloupes à l’eau. Sans le sang-froid du capitaine, homme d’un caractère très résolu,[2] il y aurait eu beaucoup de
- ↑ Bâbord, le côté gauche d’un bâtiment, en partant de la poupe, opposé à tribord, le côté droit, (Note de la présenté édit.)
- ↑ Il se nommait Lyons. Le Humboldt appartenait à la compagnie américaine Livingstone. — Chose étonnante, les Américains malgré plusieurs essais n’ont jamais réussi à maintenir une ligne de steamers transatlantiques. Aujourd’hui même, que nous sachions, ils n’ont pas de ligne de bateaux à vapeur qui fasse le service régulier entre l’Europe et les États-Unis. (Note de la présente édition.)
