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déguisé en mousse, ou garçon de cabine, et en jouait parfaitement le rôle : il tenait lui-même la lanterne pour bien éclairer la police, lorsque ces messieurs visitaient les chambrettes et les salons. Tous les passe-ports furent examinés et les voyageurs passés en revue  ; mais les gendarmes ne firent aucune attention au gentil porteur de la lanterne qui se tenait toujours à leur côté, échappant ainsi tranquillement à leurs recherches. Mon inquiétude toutefois pour lui ne cessa que lorsque je vis les messieurs à chapeau claque s’éloigner de notre bord.

Bientôt deux coups de canon annoncent que le Humboldt va partir : les officiers, le pilote, tous les matelots se trouvent à leur poste. Les sifflements de la puissante machine à vapeur se font entendre pour la dernière fois jusque dans l’enceinte de la ville : c’était le signal donné par l’ingénieur. Aussitôt le capitaine commande le départ. Le bateau suit la direction de Southampton et de Cowes, entre l’île de Wight et les côtes d’Angleterre, pour y prendre la malle et les passagers anglais. Ce ne fut que dans la soirée du 23 qu’il fila sur New-York.

Pendant quatorze jours, le Humboldt eut à lutter contre une mer orageuse et un fort vent d’ouest  ; Neptune reçut son tribut accoutumé de tous les nouveaux voyageurs qui avaient osé entreprendre le passage de son vaste domaine. Le plus, malade fut Mgr Miége, car il tint constamment