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à l’esprit du traité et d’exécuter les ordres de leur «  Grand-Père le Président,   » qui veut qu’ils vivent en paix avec leurs voisins, et ordonne la cessation de toute déprédation exercée contre les voyageurs des États-Unis qui traversent leur territoire. Ces chefs et guerriers reçurent poliment, mais à la façon des sauvages, les différentes députations qui nous accompagnaient pour se rendre à Washington, c’est-à-dire, les Sioux, les Sheyennes et les Rapahos, jusqu’alors leurs ennemis mortels, et ils les régalèrent de festins, de danses et de chansons. «  Mon cœur bondit de joie et rit,   » s’écria le chef des Pawnees-Loups, «  puisque je me trouve en présence de ceux que depuis mon enfance on m’a appris à regarder comme mes ennemis mortels.  » «  Sheyennes,   » dit-il, «  c’est moi et les miens qui avons fait tant d’incursions sur vos terres, pour voler des chevaux et pour enlever des chevelures. Oui, mon cœur bondit de joie, car il n’a jamais rêvé de vous voir face à face, et de vous toucher la main en ami. Vous me voyez pauvre, je n’ai pas même un cheval à monter. Eh bien, je marcherai joyeusement à pied le reste de ma vie, si le casse-tête peut être enseveli de part et d’autre.  » Il offrit le calumet à tous les députés, et plusieurs l’acceptèrent. Un jeune chef sheyenne, appelé «  Celui qui monte le nuage,   » refusa de le toucher et répondit au Pawnee : «  Ce n’est ni toi, ni ton peuple, qui m’avez invité sur vos terres. Mon père, ajouta-t-il en montrant du doigt le surin-