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extraire en suçant les noyaux des prunes. Elles sèchent ensuite les fruits et les conservent avec soin pour quelque grande occasion.

Les chariots qui contenaient les présents du gouvernement destinés aux Indiens arrivèrent le 20 septembre. L’heureuse arrivée de ce convoi fut pour tous un sujet de grande joie. On commençait à sentir le dénûment et la disette. Le jour suivant, les chariots furent déchargés et les présents convenablement disposés. Le drapeau des États-Unis fut hissé au haut d’un mât en face de la tente du surintendant, et un coup de canon annonça à tous les sauvages que le partage des présents allait avoir lieu. Aussitôt on vit accourir des camps hommes, femmes et enfants, pêle-mêle, en grand costume, le visage barbouillé de couleurs et décorés de tous les colifichets possibles. Ils prirent leurs places respectives, marquées d’avance, formant un cercle immense, qui renfermait plusieurs arpents de terre, autour des marchandises. La vue d’une pareille scène eût été un sujet bien intéressant pour le pinceau d’un peintre habile.

Les grands chefs des différentes nations furent servis les premiers  ; on commença par les habiller. Imaginez-vous les allures singulières qu’ils prirent en se présentant devant nous dans leur nouvel accoutrement, et l’admiration qu’ils excitèrent parmi leurs compagnons, qui ne pouvaient se lasser de les contempler. Les grands chefs furent donc culottés pour la première fois de leur vie  ; on