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de ma petite tente  ; leurs chants et leurs danses, qui se prolongèrent jusqu’au point du jour, m’empêchèrent de fermer l’œil pendant toute la nuit. Parmi les sauvages, les jeux sont très-innocents  ; jamais même je n’ai remarqué la moindre chose qui pût alarmer la pudeur. Pendant mon insomnie, je me sentis enflammé de zèle en pensant au bien que les missionnaires pourraient faire à ces peuples dont les dispositions sont si bonnes. Si les prêtres d’Europe le savaient, ils accourraient en Amérique pour réjouir notre mère la sainte Église en lui donnant des milliers d’enfants nouveaux  ?

J’eus souvent occasion, et surtout dans cette assemblée, d’observer l’habileté et la facilité avec lesquelles les sauvages se communiquent leurs idées par des gestes et des actions vraiment expressives. Ce mode de langage est universellement en vogue parmi les tribus du haut Missouri, et semble être aussi parfait parmi eux que l’est parmi nous celui des sourds et muets. Au moyen de ces gestes, un Indien vous racontera les principaux événements de sa vie. Lorsqu’ils se rencontrent dans le désert pendant leurs excursions, ils se font des signes, à une grande distance, avant de s’approcher  ; ils savent immédiatement à qui ils ont affaire et de quoi il s’agit. D’autres façons de se communiquer leur pensée son-t encore plus remarquables : les figures grossières qu’on voit sur les peaux de buffles sont des hiéroglyphes aussi facile-