Page:De Smet - Lettres choisies,1875.djvu/118

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La partie où je traversai la vallée est bien boisée : il paraît que sur les bords de cette rivière le bois est assez abondant  ; les cotonniers principalement et un grand nombre d’arbres fruitiers y fleurissent. Cette vallée forme un beau contraste avec les hautes terres de ces parages, qui sont l’image même de l’aridité et de la désolation  ; on n’y trouve que mauvaises herbes, monceaux de pierres et ravines.

Ici nous rencontrâmes trois jeunes guerriers corbeaux  ; ils avaient été à la recherche d’un camp sioux, avec l’intention de voler des chevaux, mais ils n’avaient point réussi. Ces Corbeaux nous conseillèrent de suivre le vallon d’une petite rivière qu’ils nous montraient, nous assurant que dans cette direction nous ne tarderions pas à arriver au fort Laramie. Je m’étonnais de leur conseil  ; la direction du vallon était sud-ouest. Nous continuâmes notre chemin en suivant l’indication donnée par les Corbeaux. Cette partie de notre voyage fut assurément la plus dure et la plus difficile. L’endroit reçut le nom de Vallée et Rivière aux mille Misères. Certes ce nom était bien choisi. Imaginez-vous un cours d’eau avec des bords escarpés, qui serpente dans une étroite vallée, et qu’il nous fallut passer dix à douze fois dans l’espace de trois milles, avec des voitures et des charrettes, au grand risque, chaque fois, d’y briser nos véhicules et d’y tuer nos chevaux et nos mules. Le sol y est très-stérile  ; à mesure que nous avancions,