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qu’au sommet de la côte volcanique  ; le bruit ressemble à celui de la vapeur qui s’élance avec force des tuyaux d’une machine. Comme à l’Enfer de Colter, on y entend des détonations souterraines très-fortes. Les chasseurs et les Indiens en parlent avec une crainte superstitieuse  ; ils regardent ce lieu comme la demeure des mauvais esprits. Les sauvages s’en approchent rarement sans offrir quelque sacrifice, ou du moins, sans présenter le calumet de paix aux esprits turbulents pour se les rendre propices. Ce bruit mystérieux provient, disent-ils, de ce qu’on y forge des instruments de guerre  ; chaque éruption de la terre est à leurs yeux le résultat d’un combat livré entre les esprits et devient l’origine d’une nouvelle victoire ou calamité… Près de la rivière de Gardiner, qui est un tributaire de la Roche-Jaune, on trouve tout un gisement de soufre. Je tiens ce rapport du capitaine Bridger, qui a parcouru ces montagnes dans tous les sens, et y a passé plus de trente années de sa vie.

Depuis les Buttes du Hibou, où nous campâmes le 7 août, jusqu’aux sources de la rivière d’Immel qui en est éloignée de trente-six milles environ, nous voyageâmes sur les hauteurs. La surface était raboteuse, coupée par des ravins profonds et très-difficiles à passer avec nos véhicules. À chaque pas nous rencontrions des débris volcaniques  ; pendant deux jours, la route nous offrit à droite et à gauche des coteaux brûlés, dont quel-