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vela le même cri. Une seconde fois, les vaches s’arrêtèrent et revinrent comme par enchantement  ; il en tua une autre. Ce sauvage nous assura qu’il aurait pu en abattre davantage en se servant de la même ruse. Il crut que nous avions assez de deux vaches et laissa partir le reste.

Les voyageurs jouissent d’un excellent appétit dans ces hautes régions. J’ai été étonné plus d’une fois de l’énorme quantité de chair qu’un homme est capable d’y consommer sans nuire à sa santé ; on le croirait à peine en Europe. Une et même deux langues de buffle, une côte avec quelques autres bagatelles ne sont pas considérées comme une portion considérable pour un seul repas.

Le 7 août, nous traversâmes des terres entrecoupées de beaucoup de ravins et de ruisseaux dont le lit était à sec.

Le sol, plus léger que celui que nous venions de fouler, était couvert de différentes espèces d’Artemisia ou absinthe, signe infaillible d’un terrain stérile. L’aspect de tous les ravins, de tous les lits des rivières et des ruisseaux, et de tous les coteaux, prouve qu’il y a dans cette région de nombreuses mines de charbon de terre. Les observations que j’ai faites sur la nature du sol me font augurer que ces dépôts de houille s’étendent jusqu’aux gisements nombreux qui se trouvent dans les terres arrosées par les rivières Saskatchewan et Athabasca. J’en ai déjà parlé dans mes lettres écrites en 1845 et 1846.