Dieu ! Que devons nous faire ? En quel trouble est mon âme !
Me permettre seigneur, d'attaquer cet infame :
De lui mettre à l'instant un poignard dans le sein,
Et d'arrêter par là son coupable dessein.
Il est juste, il le faut, souffrez-le je vous prie : [1155]
C'est le plus doux moyen, qu'inspire ma furie ;
C'est le plus doux moyen que nous puissions choisir,
Et dans un mal si grand, et dans mon déplaisir.
Je sais qu'un nom de roi s'oppose à ma colère,
Et pour l'amour du fils, ce que je dois au père : [1160]
Mais dans l'extrêmité, des maux où je me vois,
Je perds le souvenir de tout ce que je dois.
Seigneur, je ne saurais vous cacher ma pensée ;
Mon coeur est enragé, mon âme est insensée ;
Je dois vaincre ou mourir, et ce coeur s'y résout ; [1165]
Enfin mon désespoir est capable de tout.
Il faut, il faut me perdre, il faut que je périsse,
Il s'agit de l'honneur, et de l'impératrice ;
Bref il s'agit de tout ; et dans ce désespoir,
Je ne balance point, je connais mon devoir ; [1170]
Tant qu'Ursace vivra, sa force et son courage
S'opposeront toujours à cette injuste rage ;