Qu'Ursace n'ait vécu sans joie et sans bonheur, [605]
Que pour mourir après, sans gloire, et sans honneur ?
Qu'il soit sans sentiment, sans force, et sans courage ?
Qu'il soit sans déplaisir, sans colère, et sans rage ?
Ha ! Cela ne se peut, cela ne se doit pas ;
Ce mal a quelque chose au-delà du trépas ; [610]
Vivre ainsi, n'est pas vivre, ô funeste mémoire !
C'est mourir pour l'honneur, et survivre à sa gloire.
Ne précipitons rien ;
Mais précipitons tout ;
Poussons, poussons plutôt le malheur jusqu'au bout ;
La tempête finit, alors qu'elle est extrême ; [615]
Et l'on peut se sauver par le naufrage même.
Attendez, attendez ;
Ha ! J'ai trop attendu :
Vous perdez...
Quoi, je perds, ne suis-je pas perdu ?