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qui le suit, redoublant son effort,
Surmonte cét obstacle, et passe sur ce mort.
L’un, qu’on voit déja haut, retombe, et meurt à terre ;
L’autre mourant en l’air, voit la fin de la guerre ;
Déja de toutes parts, le sang coule à grands flots ;
Et tousjours cependant montent les braves Goths.
Si l’on attaque bien, aussi bien on resiste :
La forte catapulte, et la forte baliste,
Lors qu’on voit que le Goth commence d’aprocher,
Eslancent haut en l’air des masses de rocher.
Mais un moment apres, ces masses eslancées,
Retombent en bruyant, sur les targes froissées :
Le coup en est horrible ; et tombent en un tas,
Armes, pierres, boucliers, eschelles, et soldats.
Ailleurs plus d’un romain par des perches ferrées,
Repousse loing des murs les eschelles serrées :
Les choque, les renverse, et fait qu’en mesme temps
L’air paroist tout remply de ces fiers combatans.
L’un tombe tout froissé, la teste la premiere ;
L’autre tombe debout ; l’autre tombe en arriere ;
Et l’on voit ces guerriers, pesle-mesle entassez,
S’écraser en tombant, dans ces larges fossez.
Icy tombe à grands flots, sur la troupe vaillante,
Qui monte à l’escalade, un fleuve d’eau boüillante :
Ce deluge bruslant, coule jusqu’aux derniers ;
D’un nauffrage fumant, perissent ces guerriers ;
Et leurs corps racourcis par la chaleur meurtriere,
Affreux et sans couleur, tombent sur la poussiere.
Icy l’on voit pleuvoir