font tomber des Goths.
De tous les deux costez de la vallée osbcure,
Des antres enfoncez sont dans la roche dure,
D’où mille et mille archers, de l’un à l’autre bout,
Par mille et mille traits, portent la mort par tout.
D’abord des Goths hardis les arcs pliants se courbent,
Respondant vaillamment aux Romains qui les fourbent :
Si l’on tire sur eux ils tirent à leur tour,
Et font voler leurs traits aux grottes d’alentour.
Mais des cimes des monts dans les astres cachées,
Roullent à bonds subits des roches destachées :
Des masses de rocher horribles en grandeur,
Qui tombent en bruyant d’une extrême roideur.
Un bruit espouventable accompagne leur cheute :
En vain le haut sapin contre leur force lute :
Comme foibles roseaux ces arbres sont brisez,
Et sous l’horrible poids les soldats escrasez.
Le sang sourd de partout à l’entour de ces roches :
Tout retentit de cris dans les spelonques proches :
Et le Goth effrayé qui voit tomber sa mort,
Ne sçauroit qu’opposer à ce terrible effort.
Comme on voit la perdrix regarder vers la nuë,
De l’oyseau qu’elle craint la main trop bien connuë :
Et trembler en voyant cét ennemy leger,
Qui fond comme un tonnerre, et qui vient l’esgorger.
Ainsi des tristes Goths se redouble la crainte,
Parce qu’elle prevoit une mortelle atteinte :
Et qu’elle
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