Page:De Saumery - Les délices du Pais de Liége, Tome I, 1738.djvu/83

Cette page a été validée par deux contributeurs.
55
du Pais de Liége.

Sa mémoire est, & ſera toûjours en vénération dans l’Egliſe de Liége & dans tout le Païs Liégeois.

Convaincu que dans un ſiécle auſſi malheureux, l’Etat avoit beſoin d’un Prince, & l’Egliſe d’un Evêque, qui lui reſſemblât en toutes choſes, il avoit eu depuis longtems la précaution d’aſſûrer à l’Egliſe & à l’Etat un autre lui-même.

La connoiſſance qu’il avoit faite à la Cour de Marguerite d’Autriche, Gouvernante des Païs-Bas, dont il étoit Conſeiller d’Etat, & qu’il avoit eu grand ſoin d’entretenir avec Corneille de Bergues, qui y rempliſſoit dignement un pareil emploi, l’avoit mis à portée d’en connoitre le mérite.

Outre qu’il étoit très-capable d’en juger par lui-même, la confiance & l’amitié ſinguliéres, dont la Princeſſe Marguerite & l’Empereur Charles V. honoroient Corneille de Bergues, ne lui permettoient pas de douter qu’il ne fût doué de toutes les qualités qui font les grands hommes.

Ce fut lui qu’il crût digne de le remplacer, qu’il propoſa comme tel au Chapitre de Liége qui l’élût, & qui le reçût pour Coadjuteur enſuite pour Prince.

Il fut à peine placé ſur le Trône, qu’il prouva par toutes ſes actions qu’il étoit véritablement digne de le remplir ; il fit un grand nombre d’Edits politiques & militaires, pour conſerver à l’Etat la paix & la tranquilité, dans leſquelles le Cardinal de la Marck l’avoit laiſſé. Il ne fut pas moins atentif, que l’avoit été ce dernier à empêcher que le venin des Héreſies naiſſantes ne ſe gliſſât dans ſon Diocéſe. Erard de la Marck avoit fait un acte de juſtice, en privant de leurs Privilèges une partie de ſes Sujets. Corneille de Bergues en fit un ſemblable, en les leur rendant.

Son atention à réparer, ou plûtôt à conſtruire pluſieurs Temples ſacrés ; à faire obſerver les Réglemens de ſon Prédéceſſeur pour l’honneur & le culte des Saints, eſt une preuve inconteſtable de la ferveur & de la pureté de ſon zéle pour l’augmentation de la gloire de Dieu. Heureux le Peuple Liégeois, ſi ce Regne dont les commencemens donnoient de ſi grandes eſpérances pour l’avenir, eut été de longue durée ! mais il fut trop court : & ce