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Du Païs de Liége.

pûrent prendre pour parer ce coup.[1] D’autres eurent le cruel déplaiſir de ſe voir cités à ce nouveau Tribunal, & d’y être condamnés, ſur les refus qu’ils firent d’y comparoître.[2]

Ceux-ci eurent aſſés de courage pour entreprendre de venger par les armes une inſulte de cette nature, trop de foibleſſe pour mettre en compromis la réparation qui leur étoit dûë, & aſſés peu de cœur, pour ſacrifier à une ſomme d’argent, le premier droit de la Souveraineté.[3]

  1. Englebert de la Marck Succeſſeur d’Adolfe fut à peine en poſſeſſion de l’Épiſcopat, que les Habitans de Liége & de toutes les plus considérables Villes de l’État, ſe liguérent au ſujet de la mort d’un particulier de Hui, l’une de ces Villes, lequel avoit eu la tête tranchée, en exécution d’un jugement des Échevins de Liége, qui le déclaroient ateint & convaincu d’un meurtre.

    On prit les armes de part & d’autre. Les Confédérés eurent quelques ſuccès dans le cours de l’année 1346. mais ces légers avantages leur coûtérent cher ; dans une Bataille qu’Englebert leur livra l’année ſuivante auprès de Walèfe, ils perdirent, au raport d’Hocſem, dix mile combatans ; Ut creditur de ſuis decem millibus interſectis, & quinze mile, ſi l’on s’en raporte à Meyer cité par Chapeauville en ſes Notes ſur le chap. indiqué à la marge. Facto prælio Leodienſes graviter cæduntur ; perduntque ad quindecim hominum millia die Sabbati, pridiè Feriarum Mariæ Magdalenæ. C’eſt-à-dire le 21. Juillet.

  2. Jean d’Arkel fut cité en 1374. au Tribunal des Vingt-Deux. V. ci-après l’art. des Mœurs, où le ſujet de la citation & de la condamnation eſt expliqué.
  3. Ce Prélat mit une armée ſur pied, ſes Sujets firent, de leur côté, la même choſe ; la guerre commença ; mais elle ne dura pas long-tems. Le Duc de Brabant s’ofrit pour Médiateur, ſa médiation fut reſpectivement acceptée ; il décida qu’à l’avenir l’Évêque & ſes biens ne ſeroient point ſujets à la juriſdiction du Tribunal des Vingt-deux, & que l’État païeroit à Jean d’Arkel, pour les frais de la guerre, la ſomme de ſeize mile écus d’or. On ſouſcrivit de part & d’autre à cette déciſion.

    La preuve des faits raportés dans ces deux Notes ſe trouve dans Roû du Ruiſſeau [c’est ainſi que je traduis, Radulphus de Rivo, Auteur de la Vie de cet Évêque, & de celle de ſon Succeſſeur imprimées dans le troisiéme Tome de Chapeauville] dans Fiſen, Foullon & Boüille.

    Ce dernier dit en termes précis, que Jean d’Arkel fut obligé de rendre la ſomme, à la reſtitution de laquelle il avoit été condamné par le Tribunal des Vingt-deux. Les Juges, ſans avoir égard à ſa proteſtation, le condamnérent en contumace, & le contraignirent de reſtituer l’amande, [c’étoit une ſomme de 1700. écus d’or, à laquelle il avoit aprécié des lettres de grace qu’il avoit acordées à un brigand] comme il fit

    Je ne ſai où le P. Boüille a pris ce dernier fait ; du Ruiſſeau, Fiſen & Foullon n’en parlent point ; ils diſent simplement que l’Évêque indigné, & du Jugement, & du refus, que firent les Vingt-deux de le retracter,