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Les Délices

faire ſouvenir à perpétuité, du tems & de la cauſe de ſa fondation.[1]

Le reste du tems, que Hubert paſſa dans l’Epiſcopat, répondit à ces illuſtres commencemens. Il l’emploïa à inſtruire, à édifier ſon Diocéſe, à le purger de quelques restes de l’Idolatrie, à établir des Lieux ſaints, & à ériger au Dieu vivant des Autels, qui ne périront qu’avec le Monde. Il finit ſa cariére l’an ſept cent vingt-ſept, par des œuvres de charité & de piété,[2] ainſi qu’il l’avoit commencée.

Hubert eut pour Succeſſeurs,
Ans de l’Élection. Ans du Décés.
728 Florebert 746
747 Fulcaire 762
  1. Les Auteurs que je viens de citer, à l’exception de Foullon, conviennent que la Ville fut bâtie, fermée de Murs, & fortifiée l’année même de la Tranſlation du Corps de S. Lambert, c’eſt-à-dire l’an 709. que S. Hubert créa un Tribunal de 14. Oficiers, auxquels il donna pour Chef un quinziéme ; qu’il nomma ces Oficiers, Échevins, & leur Chef, Prévôt de la Ville ; qu’il leur acorda le pouvoir de juger ſouverainement en matiére criminelle, & celui d’exercer la Police ; qu’il fit pour cet éfet des Loix ; qu’il établit des poids & des meſures ; qu’il fit battre une monnoie, ſur une des faces de laquelle il fit graver le Portrait de S. Lambert avec cette Inſcription. Sancta Legia Eccleſiæ Romanæ filia ; & qu’il fit graver dans la même forme le Scél de la Ville ; afin que les Liégeois euſſent perpétuellement préſent à l’eſprit le Martire de S. Lambert, auquel ils devoient la fondation & l’établiſſement de leur Ville.

    Foullon, qui eſt d’acord ſur tous les autres faits, ne ſauroit en paſſer deux ; l’enceinte de la Ville, & l’établiſſement du Tribunal des Échevins. Liége étoit, dit-il, encore un lieu trop peu conſidérable, pour avoir beſoin d’une Clôture & de 15 Juges. Ce raiſonnement qui n’a, comme l’on voit, pour fondement qu’une ſimple conjecture, ne peut prévaloir au témoignage poſitif de tant d’autres Écrivains ; mais quand elle ne ſeroit balancée, que par celui de Raufin ſeul, je ne héſiterois point à la rejéter, convaicu que Raufin étoit mieux inſtruit des Antiquités de ſon Païs, que Foullon, & que tous les autres qui en ont écrit l’Hiſtoire. L’ouvrage que j’ai indiqué en la Note précédente, qui eſt une Réfutation du précédent intitulé, Delegatio Leodii, du même Auteur, imprimé en 1629. prouve démonſtrativement ce que j’avance ; il est dommage que dans le ſecond, l’Auteur ſe ſoit livré a ſon reſſentiment.

    Quelque conſidération que je doive à Foullon, qui mérite certainement celle du Public, je ne crois pas la bleſſer, en diſſant que c’eſt par l’éfet de la prévention, qu’il a refuſé à S. Hubert l’honneur d’avoir fermé de Murs & fortifié la Ville de Liège, & d’y avoir établi le Tribunal des Échevins. Il ne l’a refuſé à S. Hubert, cet honneur, que pour le donner à Notger, dont il a fait ſon Heros ; tant il eſt vrai que l’homme n’eſt que foibleſſe, ce que Foullon, lui-même a ſi bien exprimé ailleurs par ces termes. Sic homines ſumus, in momenta verti avertique faciles.

  2. V. ſa vie par ſon prétendu Diſciple, les Notes de Roberti, Fiſen, Foullon & Boüille.