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du Pais de Liége.

Pour la perfection de l’ouvrage, il manquoit des Loix & des Murs à la nouvelle Ville. Hubert lui donna l’un & l’autre. Il la fit fermer, établit des Loix Civiles & Politiques : créa un Tribunal pour les faire exécuter : & pour que rien ne manquât, lui donna un Scél qui pût la

Tom. I. Part. I.
G

    Elle n’eſt compoſée que de Souverains, à la tête deſquels eſt Faramond Fondateur de la Monarchie Françoiſe. La Table qui contient cette Généalogie eſt certainement un chef-d’œuvre en ſon genre.

    L’hiſtoire, telle qu’elle eſt, a été adoptée par Fiſen, par l’Auteur du Livret dont j’ai parlé en la Note premiére, & par le Pere Boüille.

    L’on aprend de l’Auteur du Livret que le docte Henſchenius continuateur du fameux Bollandus, & très-verſé en ces ſortes de faits, met l’Hiſtoire en question au rang des fables. Hanc narrationem fabulis accenſet Henſchenius, quàm rectè viderint alii.

    Cet illustre Jéſuite n’eſt pas le ſeul qui ait penſé de la ſorte. Le Manuſcrit, d’où cette Hiſtoire été tiree, a eté regardé par plus d’un ſavant, comme la production d’un génie romaneſque, je crois que l’on peut mettre de ce nombre Chapeauville & Foullon, qui ont crû que leur ſilence tiendroit lieu d’une ſufiſante critique. L’on peut voir Baillet en la vie de ſaint Hubert.

    L’on peut auſſi, si je ne me trompe, apliquer à l’Auteur de l’Hiſtoire & au Pere Roberti, relativement à la Généalogie, ce qu’un célébre Écrivain du ſeiziéme Siécle a dit de ces Panégiriſtes, dont le zéle indiſcret ne ſert ſouvent qu’à défigurer les Heros, dont ils veulent exalter le mérite, & à les rendre méconnoiſſables.

    Qua de iis ſunt ſcripta, præter pauca quædam, multis ſunt commentis ſœdata, dum qui ſcribit affectui ſuo indulget, & non que egit Divus, ſed qua ille egiſſe eum vellet, exponit, ut vitam dictet animus ſcribentis, non verintas. Fuêre qui magna pietatis loco ducerent mendaciola pro Religione confingere, quod & periculoſum eſt, ne veris adimatur fides propter falſa, & minime neceſſarium:quoniam pro pietate noſtra tam multa ſunt vera, ut falſa, tanquam ignavi milites, atque inutiles, oneri ſunt magis, quam auxilio

    C’eſt dans le même ſens, qu’un Écrivain Liégeois, non moins recommandable par ſa grande piété, que par ſa profonde érudition, diſoit dans le dix-ſeptième Siècle, qu’il faiſoit beaucoup moins de cas des miracles très-ſouvent peu avérées, que de la vertu ; parce que la populace qui n’a preſque pas de Religion qu’à l’extérieur, & qui n’en connoit que l’écorce, donne volontiers dans le merveilleux ; au lieu que les Sages n’acordent leur eſtime & leur admiration qu’à la ſolide vertu. Ego virtutes pluris longé quam quantilibet prodigia ſecero : hac apud vulgum admirationem, ille opud ſapientes, & vere Chriſtianos.

    V. pour la preuve des autres faits du texte, Roberti en ſes Notes ſur la deuxième partie de la vie de ſaint Hubert n. 63. Fiſen en la vie du même n. 3. & ſuivans. Foullon, Boüille, Étienne, Raufin, en ſon traité intitulé Leodium Ecleſiæ Cathedralis, imprimé à Liège l’an 1639. cap. 3. & ſuivans juſqu’au onzième.

    Saint Hubert fonda d’abord 30. Canoines pour le Chœur, & enſuite 6. autres pour les ſervir, il nomma pour cette raiſon ces derniers, Chanoines de la petite table.