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Les Délices


ÉTABLISSEMENT

De la Religion Chrétienne dans le Païs de Liége.



La providence permettant que les habitans du Païs de Liége fuſſent dépouillés de ce qu’ils avoient de plus précieux ; que leur Patrie fut détruite, que les richeſſes leur fuſſent enlevées, & que la liberté leur fut ravie ; leur préparoit des avantages infiniment plus conſidérables. Elle ſe ſervit de cette voie, pour leur faire mieux goûter l’excellence des faveurs, dont elle alloit les combler.

Le Prince des Apôtres eut à peine ſondé l’Égliſe de Rome, qu’il envoïa dans la Baſſe Allemagne, trois de ſes Diſciples, Euchaire, Valére & Materne, pour y anoncer l’Évangile.[1]

Ces trois hommes Apoſtoliques commençant leur Miſſion dans le Païs de Tréves, y enſeignérent & établirent la Religion. Euchaire y gouverna pendant vingt-trois ans, l’Égliſe qu’ils y fondérent. Elle fut après ſon décès, gouvernée pendant quinze ans par Valére, & enſuite pendant quarante par Materne.

L’époque de leur arivée au Païs de Tréves eſt fixée par les plus exacts Cronologiſtes[2] à l’an cinquante-deux ; celle du décès d’Euchaire à l’an ſoixante-quinze ; & celle de la mort de Valére à l’an quatre-vingt-dix. Ce fut donc cette année, que Materne fut chargé du gouvernement de l’Égliſe de Tréves.

Lorſqu’il la vit ſolidement établie, il étendit ſon zéle aux Païs voiſins. Il passa dans celui de Cologne, & y jeta les premiers fondemens de l’illuſtre Métropole de ce nom. Il entra dans le Païs de Liége, y prêcha, & y fit recevoir la Religion ; bâtit des Égliſes en pluſieurs endroits, & une entre autres dans la Ville de Tongres, qui étoit alors la Capitale du Païs.

  1. Harigére dans Chapeauville, en la vie de S. Materne. Cap 5. Les PP. Foullon, Fiſen & Boüille.
  2. Fiſen & Foullon, & les Auteurs cités à la marge par ce dernier.