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Les Délices

je la trouverois dans l’union parfaite du Prince avec les Sujets, ſous les regnes de Jean-Louis d’Elderen, & de Joſeph-Clement de Baviére.

Les conjonctures des tems n’ont pas été plus faciles ſous ces regnes, que ſous ceux de Ferdinand & de Maximilien-Henri de Baviére ; elles ont été beaucoup plus critiques & plus fâcheuſes. La Citadelle bâtie par ce dernier, a atiré à la Ville de Liége les fléaux, que les Habitans avoient prévûs, & qui faiſoient en mil ſix cent cinquante-neuf le motif de leur opoſition ; la Ville s’est vûë, par raport à cette fortereſſe, une infinité de fois, à la veille de ſa ruine ; l’union du Prince & des Sujets, dont les intérêts, ſur tout ceux de Joſeph-Clement de Baviére paroiſſoient incompatibles, n’a jamais été alterée un instant : Joſeph-Clement dans ſes plus fâcheuſes diſgraces, s’est toûjours ſouvenu qu’il étoit le Prince des Liégeois ; ceux-ci n’ont jamais oublié, un moment, qu’ils étoient les Sujets de Joſeph-Clement.

Le même Peuple, auquel la domination de Maximilien-Henri de Baviére avoit paru inſuportable, trouve douce & agréable celle de Jean-Louis d’Elderen, & celle de Joſeph-Clement de Baviére, ſes Succeſſeurs. Pendant trente-cinq ans qu’il est gouverné par ces deux Princes, il joüit de la paix & de la tranquilité, dont il joüiſſoit ſous Erard de la Marck, & ces cinq Succeſſeurs immédiats ; pourquoi n’a-t’il pas eu le même bonheur ſous Maximilien-Henri ? Parce que ce Prince ſuivit la route de Ferdinand, & que Jean-Louis d’Elderen & Joſeph-Clement de Baviére marchérent ſur les traces d’Erard de la Marck.

Je ne parle point du Gouvernement préſent, tout le monde ſait que les Liégeois n’en éprouvérent jamais un plus doux, un plus tranquile, un plus pacifique, un plus heureux. Uniquement ocupé du bien public & du bonheur de ſes sujets George-Louis de Berghes n’a penſé, depuis ſon avénement, qu’à ce qui pouvoit en procurer l’augmentation, & en perpétuer la durée. L’Europe entiére eſt inſtruite des ſages ménagemens, que la prudence conſommée de ce Prince éclairé lui a fait prendre, pour