dans aucune occasion user des choses dangereuses, mais je dis que nous ne pouvons jamais y avoir le cœur porté, sans intéresser la dévotion. Les cerfs qui sont trop en venaison, se retirent dans leurs buissons, et y observent une manière d’abstinence, sentant bien que leur graisse leur feroit perdre l’avantage de leur agilité, s’ils étoient poursuivis par les chasseurs ; et c’est de cette sorte que l’homme chargeant son cœur de toutes ces affections inutiles, superflues et dangereuses, perd les bonnes dispositions qui lui sont nécessaires pour courir avec ferveur et avec facilité dans les voies de la dévotion. Tous les jours les enfans s’échauffent à courir après des papillons, sans que personne le trouve mauvais, parce que ce sont des enfans ; mais n’est-ce pas une chose ridicule ; et tout ensemble déplorable, de voir des hommes raisonnables s’attacher avec empressement à des bagatelles aussi inutiles que celles dont nous parlons, et qui, outre leur inutilité, les mettent en danger de se dérégler et de se perdre ? ainsi vous, Philothée, dont le salut m’est si cher, je vous déclare la nécessité qu’il y a de dégager votre cœur de toutes ces inclinations ; car bien que les actes particuliers n’en soient pas toujours contraires à la dévotion, néanmoins l’affection et l’attachement qu’on y prend, lui causent toujours un grand préjudice.
Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/98
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.