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CHAPITRE XIV.

Cinquième Considération.
Sur l’amour éternel de Dieu.


CONSIDÉREZ l’amour éternel que Dieu a eu pour vous. Avant l’incarnation et la mort de Jésus-Christ, la divine Majesté vous aimoit infiniment, et vous prédestinoit à son amour. Mais quand commença-t-il à vous aimer ? il commença quand il commença d’être Dieu ; et quand commença-t-il d’être Dieu ? jamais : car il a toujours été sans commencement et sans fin ; et son amour qui n’a jamais eu de commencement pour vous, vous a préparé de toute éternité les grâces et les faveurs qu’il vous a faites. Il le dit pour nous tous par le Prophète Jérémie : Je t’ai aimé d’une charité perpétuelle, et je t’ai attiré miséricordieusement à moi. Il parle à vous aussi-bien qu’à tout autre : vous devez donc à son amour les bonnes résolutions que vous aurez faites.

O Dieu ! quelles résolutions donc que celles-ci, que Dieu a eu présentes à sa divine sagesse et à sa bonté de toute éternité ! combien nous doivent-elles être chères et précieuses ? Que ne devrions-nous pas souffrir, plutôt que d’en rien perdre, quand même tout le monde devroit périr ? car tout le monde ensemble ne vaut pas une