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Jésus qui nous enfanta sur sa croix, nous portoit tous en son cœur comme une mère porte son enfant en ses entrailles. Sa divine bonté nous y prépara tous les moyens genéraux et particuliers de notre salut, tous les attraits et toutes les grâces dont elle se sert maintenant pour conduire nos âmes à la perfection. Semblable à une bonne mère qui prépare à l’enfant qu’elle porte, tout ce qui doit lui être nécessaire pour le conserver après sa naissance.

Ah, mon Dieu, que nous devrions graver ceci profondément en notre mémoire ! Est-il possible que j’aie été aimé, et si doucement aimé de mon Sauveur ? qu’il ait pensé à moi en particulier, et pour toutes les petites occasions dans lesquelles il m’a depuis attiré à lui ? hé ! combien donc devons-nous aimer, chérir et employer tout cela utilement ? Ceci est bien doux : le cœur si tendre de Jésus pensoit à Philothée, l’aimoit, et lui procuroit mille moyens de salut, comme s’il n’y eût pas eu d’autre âme au monde à qui il eût pensé ; de même que le Soleil éclairant un seul endroit de la terre, ne l’éclaire pas moins que s’il répandoit sa lumière partout ailleurs. Il m’a aimé, dit saint Paul : Il s’est donné pour moi, comme s’il disoit pour moi seul, et tout autant que s’il n’eût rien fait pour le reste des hommes. C’est, Philothée, ce qui doit être gravé en votre âme, pour bien chérir et nourrir votre résolution, qui a été si précieuse aux yeux du Sauveur,