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de son caractère perdroit le temps à cet amusement ; et le Saint l’ayant interrogé pourquoi il ne tenoit pas toujours son arc bandé, le chasseur lui répondit que s’il l’étoit toujours, il perdroit sa force. Sur cela le saint Apôtre lui répliqua : ne vous étonnez donc pas que je donne maintenant quelque relâche à mon esprit ; car ce n’est que pour le rendre plus capable de la contemplation. N’en doutons pas, c’est un vice que cette sévérité d’un esprit sauvage qui ne veut prendre pour soi aucun divertissement, ni en permettre aucun à personne.

Prendre l’air en se promenant, se réjouir dans une douce et agréable conversation, jouer du luth ou d’un autre instrument, chanter en musique, aller à la chasse, ce sont des divertissemens si honnêtes, que, pour en bien user, il n’est besoin que de la prudence commune, qui règle toutes choses selon l’ordre, selon le temps, le lieu et toutes les mesures nécessaires.

Les jeux où le gain est comme le prix ou la récompense des industries et des habiletés du corps ou de l’esprit, comme les jeux de la paume, du balon ou du mail, les courses de bague, les jeux des échecs et des tables, ce sont des divertissemens de soi-même bons et permis ; et il faut seulement éviter l’excès du temps et du prix de ce que l’on y joue. Si l’on donne trop de temps au jeu, ce n’est plus un