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à votre cœur, de peur que, comme elle le dit aussi, ces petits renardeaux n’en approchent. Gardez-vous bien d’en venir à aucune composition avec votre ennemi ; ne dites pas, je l’écouterai, mais je ne ferai rien de ce qu’il me dira ; je lui prêterai l’oreille, mais je lui refuserai le cœur. O Philothée ! armez-vous, au nom de Dieu, de toute la fermeté la plus rigoureuse en ces occasions. Le cœur et l’oreille ont des liaisons trop sympathiques, pour croire que l’un ne soit pas touché de ce qui frappe l’autre ; et comme il est impossible d’arrêter un torrent qui a pris son cours vers le penchant d’une montagne, il est bien difficile que ce que l’amour a fait entrer dans l’oreille ne tombe dans le cœur. Une personne qui a de l’honneur ne se rendra jamais attentive à la voix de l’enchanteur ; si elle l’écoute, ô Dieu quel mauvais augure de la perte de son cœur ! La sainte Vierge se troubla en voyant un Ange, parce qu’elle étoit seule, et qu’il lui donnoit de grandes louanges, quoiqu’il ne lui parlât que du ciel. O Sauveur du monde ! la pureté craint un Ange en forme humaine, et l’impureté ne devroit pas craindre un homme, encore qu’il parut en figure d’Ange, s’il lui donnoit des louanges pleines d’une flatterie vaine et sensuelle. Ce sont des complaisances que jamais aucune raison de bienséance et de respect ne peut ni permettre ni justifier,