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Paul reprochant aux Païens toute la corruption de leur vie, les accuse d’être des gens sans affection, c’est-à-dire, de n’avoir aucune amitié. Saint Thomas reconnoît, avec tous les bons Philosophes, que l’amitié est une vertu, et il ne parle que de l’amitié particulière, puisqu’il dit que la parfaite amitié ne peut s’étendre à beaucoup de personnes.

La perfection donc ne consiste pas à n’avoir point d’amitié, mais à n’en avoir qu’une bonne et sainte.


CHAPITRE XX.

De la différence des vraies et des vaines Amitiés.


VOICI, Philothée, l’important avertissement, et la grande règle. Le miel d’Héraclée, dont je vous ai parlé, et qui est un vrai poison, est tout semblable au miel ordinaire, dont l’usage est si sain ; et il est fort dangereux de prendre l’un pour l’autre, ou de les prendre mêlés ensemble, parce que la bonté de l’un ne corrigeroit pas la malignité de l’autre. Je dis aussi qu’il faut être sur ses gardes, pour n’être point trompé en amitié : principalement quand il s’agit d’une personne de différent sexe, quelque bon principe que puisse avoir cette liaison ; car souvent Satan donne le change à ceux qui s’aiment.