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et folle estime des plaisirs voluptueux et par une curiosité sensuelle et inquiète, s’y livrent avec la perte entière de leurs intérêts temporels et éternels ; semblables à des papillons qui s’imaginant que la flamme est aussi douce qu’elle leur paroît belle, vont étourdiment s’y brûler.

A l’égard de l’état du mariage, c’est une erreur vulgaire et très-grande, de penser que la chasteté n’y soit pas nécessaire ; car elle l’est absolument et même beaucoup, non pas pour s’y priver des droits de la foi conjugale, mais pour se contenir dans leurs bornes, Or, comme l’observation de ce commandement : Fâchez-vous, et ne péchez point, porte plus de difficulté que la pratique de celui-ci, ne vous fâchez point, par la raison qu’il est plus aisé d’éviter la colère que de la régler ; de même il est plus facile de se priver de tous les plaisirs de la chair, que de les modérer. Il est vrai que la licence du mariage sanctifié par la grâce de Jésus-Christ, peut beaucoup servir à éteindre la passion naturelle ; mais l’infirmité de plusieurs personnes qui s’en servent, les font passer aisément de la permission à l’usurpation, et de l’usage à l’abus. Et, comme l’on voit beaucoup de riches s’accommoder injustement du bien de leur prochain, non pas par indigence, mais par avarice ; l’on voit aussi beaucoup de personnes mariées, qui pouvant et devant fixer leur cœur à