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qu’il veut recevoir de ces hommes que le vice à déshonorés.

La réputation n’est que comme une enseigne, qui fait connoître où la vertu loge : la vertu lui doit donc être préférée partout et en toute chose ; c’est pourquoi si l’on dit que vous êtes un hypocrite, parce que vous vivez chrétiennement, ou que vous êtes un lâche, parce que vous avec pardonné à votre prochain l’injure qu’il vous a faite, méprisez tous ces jugemens ; car, outre qu’ils ne viennent que de sottes gens, et toujours fort méprisables par beaucoup d’endroits, il ne faudroit pas abandonner la vertu pour conserver votre réputation. Les fruits des arbres valent mieux que leurs feuilles, et nous devons préférer les biens intérieurs et spirituels aux biens extérieurs : oui, l’on peut être jaloux de son honneur, mais on n’en doit jamais être idolâtre ; et, comme il ne faut rien faire qui blesse les yeux des gens de bien, il ne faut pas chercher à plaire aux yeux des méchans. Le Psalmiste dit que la langue des médisans est semblable à un rasoir bien affilé ; et nous pouvons comparer la bonne renommée à une belle chevelure, qui ayant été coupée ou entièrement rasée, revient plus touffue et plus belle qu’elle n’étoit : mais comme les cheveux que l’on a arrachés de la tête jusqu’à la racine, ne reviennent presque jamais ; je dis aussi que si, par une conduite déréglée et scandaleuse,