dans la rue, et outre le mal qu’on se fait, on en reçoit de la confusion ; il faut aimer cette abjection
Il y a même des fautes qui ne portent aucun mal, que la seule abjection et l’humilité n’exige pas qu’on les fasse à dessein ; mais elle demande qu’on ne s’en inquiète point quand on les a commises : telles sont certaines incivilités, inadvertances et autres défauts. Certainement la prudence ou la civilité veut que nous les évitions autant que nous pouvons ; mais quand elles nous ont échappé, la sainte humilité veut que nous en acceptions toute l’abjection. J’en dis bien davantage : si je me suis laissé aller par la colère, ou par quelque liberté sensuelle, à dire des paroles piquantes ou indécentes, aussitôt je me le reprocherai vivement, j’en concevrai un vrai repentir, et je réparerai la faute de tout mon mieux ; mais en même-temps j’accepterai l’abjection qui m’en peut revenir ; et si l’on pouvoit séparer l’un de l’autre, je rejèterois le péché avec indignation, et je conserverois l’abjection dans mon cœur avec une humble patience.
Mais, quoique nous aimions l’abjection que le mal porte avec soi, nous devons toujours remédier au mal qui l’a causée, par les moyens naturels et légitimes que nous en avons, surtout quand il est de quelque conséquence. Si j’ai au visage quelque mal honteux et humiliant, j’en