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Demandez à Dieu un miracle, soit en haut dans le Ciel, soit en bas au profond de l’abîme, dit le Prophète Isaïe à l’impie Roi Achaz ; et il répond : non, je ne le demanderai point, et je ne tenterai point le Seigneur. O le méchant homme ! il affecte un grand respect pour Dieu, et sous la couleur d’humilité, il rejette une grâce que la divine bonté lui présente ; mais ne savoit-il pas que quand Dieu veut nous faire du bien, c’est un orgueil que de le refuser ; que ses dons sont d’une nature à nous obliger par eux-mêmes de les recevoir, et que l’humilité consiste à se conformer le plus qu’on peut à ses désirs ? Or, le grand désir de Dieu est que nous soyons parfaits, pour nous unir à lui par la plus parfaite imitation de sa sainteté. Le superbe, qui se confie en soi-même, trouve aussi une grande raison de n’oser rien entreprendre ; mais l’humble est d’autant plus courageux, qu’il se connoît plus impuissant ; et l’esprit magnanime croît en lui, à proportion que le mépris de soi-même l’humilie à ses yeux, parce qu’il met toute sa confiance en Dieu, qui se plaît à glorifier sa puissance par notre foiblesse, et à faire éclater sa miséricorde sur notre misère. Il faut donc entreprendre, avec une courageuse humilité, tout ce que ceux qui conduisent nos âmes jugent nécessaire à notre avancement.

Penser savoir ce que l’on ne sait pas,