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ration. Ce fut la faute et le malheur de l’Épouse des Cantiques : la voix de son bien-aimé avoit frappé son cœur d’une douce joie ; néanmoins elle ne lui ouvrit pas la porte, et elle s’en excusa d’une manière frivole : aussi l’Époux s’en alla-t-il, en la quittant avec indignation.

Il faut donc, Philothée, vous résoudre à recevoir désormais toutes les inspirations du Ciel, comme vous recevriez des Anges que Dieu vous enverroit pour traiter avec vous d’une grande affaire. Ainsi écoutez avec tranquillité ce que l’inspiration vous propose ; faites attention à l’amour de celui qui vous la donne, et la recevez avec joie ; enfin, donnez-y votre consentement d’une manière tendre et amoureuse ; et Dieu, qui ne peut nous avoir aucune obligation, ne laissera pas d’agréer cette fidèle correspondance. Mais si l’inspiration porte quelque chose de fort considérable et extraordinaire, suspendez votre consentement jusqu’à ce que vous ayez consulté votre Directeur, qui la doit examiner, pour en reconnoitre la vérité ou la fausseté : ce qui est d’autant plus nécessaire, que l’ennemi voyant une âme facile à suivre l’inspiration, lui en propose souvent de fausses pour la tromper ; mais c’est inutilement, tandis qu’elle obéit à son Directeur avec humilité.

Quand on a une fois donné son consentement à l’inspiration, il faut exécuter soigneusement ce qu’elle a demandé de nous,