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L’inconnu, plus calme. — Z’accepterais avec bonheur cette offre si ze ne partais pas ce soir pour Blidah, Monsieur.

Polyphème. — Tiens ! et nous aussi ; comme ça se trouve bien ! vous vous battrez sur le bateau.

L’inconnu, vivement. — Le capitaine ne voudra pas, z’en suis sûr !

Polyphème, bas. — Philéas, mon ami, c’est un poltron ! il caponne… Hardi, mon cher, du toupet ! Soutenez l’honneur normand !

Philéas, bas. — Ah ! il caponne, il ose caponner, le lâche ! et moi qui avais peur ! Attendez un peu voir, Tueur ! (Haut, avec arrogance.) Nous nous battrons dans une cabine, Marseillais, et nous choisirons mon arme ordinaire, vu que je me regarde comme énormément insulté, entendez-vous, bouillabaisse ?

L’inconnu, avec douceur. — Ne vaudrait-il pas mieux nous serrer la main, Monsieur ?

Polyphème, bas. — Ça va, Saindoux, ça va très bien ! confondez ce faux brave.

Philéas, bas. — Attendez un peu voir ! (Haut.) Nous nous battrons, bouillabaisse, à mort, à mort effrrrroyable !…

L’inconnu, effrayé. — Oh ! Monsieur… et avec quelles armes ?

Philéas, sombre et solennel. — Avec des bombes, Marseillais ; c’est mon arme ordinaire. Nous aurons une bombe pleine de poudre dentifrice et une vraie bombe bourrée de poudre à canon. Nous choisirons au hasard et nous nous lancerons à la mer sur des planches, en allumant nos machines. Celui qui