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étranzer ? Sais-tu que tu m’insultes… et dans mon pays, encore !

Philéas, interdit. — Mais, Monsieur le Marseillais, je vous regardais comme tout le monde ; ce n’est pas une offense, il me semble.

L’inconnu, avec violence. — Tu mens, étranzer imbécile ! Ze ne suis pas tout le monde, insolent ! Tout le monde ne me regarde pas comme une bête curieuse, impertinent ! et il y a offense, troun de l’air ! bagasse !  !  !

Polyphème. — Allons, Monsieur, ne vous emportez pas ainsi contre mon ami : calmez-vous, je vous en prie, en songeant…

L’inconnu, rageant. — Ze ne suis que trop calme, Monsieur, c’est mon défaut ! mais il ne faut pas m’insulter impunément ; savez-vous que c’est moi qui, l’autre zour, ai soutenu l’honneur de la Cannebière en flanquant un coup de pied (oh ! un coup de pied admirable !) à un Parisien qui passait auprès de moi ; cet homme me dit avec surprise :

— Qu’est-ce que je vous ai fait ?

— Ze lui réponds : « rien ! »

— Eh bien, alors, pourquoi me maltraitez-vous ?

— Zuge un peu si tu m’avais fait quelque soze ! que ze lui réplique.

Polyphème, riant. — C’est magnifique ! où voulez-vous en venir, Monsieur ? à un duel ? mon ami est prêt, il adore les affaires de ce genre !

Philéas, bas. — Eh ! dites donc, mon cher Tueur, ce n’est pas vrai, ça !

Polyphème, bas. — Taisez-vous donc, j’arrange l’affaire.