bon état, ayant soin d’y transporter les quelques objets (y compris le fifi-mimi) laissés sur les banquettes, par Polyphème et Philéas ; aucun des employés ne s’aperçut de la présence du dormeur sous la banquette et l’infortuné continua son somme sans se douter du changement dont il était victime. Polyphème remonta en voiture et reprit tranquillement sa place et son sommeil, convaincu que Philéas était là.
Réveillé au petit jour, le jeune homme appela Saindoux ; il fut stupéfait, puis très effrayé de constater sa disparition et ne se tranquillisa qu’à la station suivante, où les employés lui expliquèrent ce qui avait motivé le changement de wagon.
Remis de son émotion, Polyphème rit beaucoup de la figure qu’avait dû faire Philéas et resta à la station pour attendre son compagnon, persuadé qu’il l’y rejoindrait bientôt.
Pendant ce temps, le gros Saindoux dormait comme un plomb sous sa banquette ; il ne se réveilla que tard et se frotta les yeux en bâillant, puis il tressaillit, car il venait de s’apercevoir qu’il était dans une obscurité complète.
Philéas, inquiet. — Est-ce qu’il fait toujours nuit, cher Tueur ?… hein ! pas de réponse ! (Criant.) Mon illustre ami, réveillez-vous… Comment ! il ne dit rien ? (Il tâte les banquettes.) Personne, pas même fifi-mimi ! (Avec terreur.) Le wagon ne marche plus ! Ah ! je crois deviner… (Il s’agite avec crainte.) Des malfaiteurs auront décroché la voiture. Polyphème se sera sauvé et fifi-mimi est leur victime… pauvre bête ! Oh ! (il saute) on vient par ici, et je