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c’est moi qui vous le promets ! Ce cher Philéas, quel trésor j’ai là, mon Dieu !

Philéas, modestement. — Vous êtes bien bon ; je suis trop poli pour vous démentir, d’ailleurs ! il est certain que fifi-mimi et moi… (il bâille) nous valons quelque chose… (il bâille) nous ne manquons pas… (il bâille).

Polyphème. — D’envie de dormir, hein ?

Philéas. — C’est… aaaaah !… c’est vrai… ce chemin de fer me fait somnoler un peu.

Polyphème. — Ne vous gênez pas, mon cher ; dormez.

Philéas, scandalisé. — Devant vous, illustre ami ? Ce ne serait pas respectueux !

Polyphème. — Je le veux ; je vais en faire autant de mon côté.

Philéas. — S’il en est ainsi, j’accepte. Ouf ! qu’on est mal pour appuyer sa tête ! Tiens, au fait ! nous sommes seuls. Je vais m’étendre par terre ; je ne vous gênerai pas et je dormirai comme un bienheureux.

Un silence complet régna bientôt dans le wagon ; trois heures s’écoulèrent ; la nuit était avancée quand Charles N… (que nous continuerons d’appeler Polyphème, avec Philéas) se réveilla. On était arrivé à une station et les voyageurs profitaient de dix minutes d’arrêt pour manger à la hâte quelque chose. Polyphème, sentant son appétit s’éveiller, descendit sans réveiller Philéas qui dormait de tout son cœur, et alla rejoindre les dîneurs.

Pendant son absence, deux employés chargés d’examiner les voitures s’aperçurent que le wagon