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Lettre à Monsieur X…



Monsieur,

Madame de Pitray, qui veut bien rédiger mes nombreuses aventures de voyage, me dit que vous froncez le sourcil à la lecture de ces récits extraordinaires. Vous les accusez d’invraisemblance ? Mais, Monsieur, j’en suis ravi ! C’est par là qu’ils brillent ! C’est par là qu’ils intéressent mes nombreux amis. C’est par là, enfin, que je suis digne de mon illustre parenté. Mon arrière-grand-oncle, M. le baron de Crac, a laissé des mémoires à sa famille. Mon arrière-cousin, M. le baron de Munckausen, non moins soucieux de sa propre gloire, a publié ses illustres aventures. (Elles ont acquis un nouvel éclat en se faisant graver par notre grand artiste, Gustave Doré.) Mais mon oncle de Crac, par son silence prolongé, avait longtemps laissé la France dans une infériorité littéraire dont je me suis montré mécontent.

J’ai fait violence à ma modestie bien connue et j’ai prié Mme de Pitray de retracer tous mes hauts faits. Je n’ai pas la prétention d’instruire. Munckausen ne l’avait pas non plus ; mais, comme lui, je veux intéresser, je veux dire du nouveau et surtout je veux amu-