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Crapotin, vexé. — Eh bien ! et moi, j’ai tiré aussi, dites donc !

Philéas, sans les écouter. — C’est mon coup de feu, évidemment ! C’est singulier, pourtant !… (Il examine le râle.) Je ne vois pas de blessure, pas de sang…

Crapotin, hésitant. — Je ne crois pas qu’il soit… tout à fait mort !

Grenadier. — Si vous le lâchiez, Philéas, nous retirerions dessus !

Philéas, vivement. — Ah non ! Ah non ! et si nous ne l’attrapions… (se reprenant) si vous ne l’attrapiez pas ?

Crapotin, avec assurance. — Impossible ! je ne manque jamais.

Grenadier. — Bah ! ça nous amusera tout de même ; lâchez-le, allez ! (Chantant.) « Volez, volez, petits oiseaux !… »

Philéas, crispé. — Grenadier, parlez sérieusement de choses sérieuses au lieu de vociférer comme ça… Non ! (Il met le râle dans son carnier.) Je le condamne à la broche, tel qu’il est. Allons, Messieurs, continuons notre chasse… et du feu, de l’entrain !

Le trio se remit bravement en marche ; les aboiements des chiens, les chants de Grenadier, les discours de Crapotin et les colères de Philéas recommencèrent.

Tout à coup, Crapotin cessa de parler et resta immobile, les yeux fixés sur un chêne ; étonné, Grenadier s’approcha de son compagnon. Celui-ci, le voyant venir, se hâta de tirer et un oiseau tomba pesamment de l’arbre.