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La flûte. — Je suis… ton ami, tu !… tu !…

La grosse caisse. — Nous sommes dans un endroit… boum !… dangereux ! Je crains que l’eau ne nous gagne… (La lune sort d’un nuage et commence à éclairer le gazon où se trouvent nos ivrognes.)

La flûte. — Comment… tu !… comment ça ?

La grosse caisse. — Je vas monter sur… mon tronc d’arbre pour… boum !… boum !… pour ne pas me noyer. (Il monte sur l’arbre, la lune l’éclaire.) Ah !… je suis… submergé… jetons-nous à… l’eau, ou nous… boum !… sommes perdus !

La flûte, pleurant. — Je ne veux pas être perdu… tu !… tu !… ni noyé ! Sauve-moi, tu !… tu !… tu !… ou… tu n’es pas mon ami.

La grosse caisse. — Si !… je suis… ton ami ! Allons ! plonge et n’aie pas… boum !… pas peur… je suis là !

En disant ces mots les deux hommes se jetèrent à plat ventre, soi-disant dans l’eau, mais en réalité sur le gazon qui, tout en adoucissant leur chute, ne leur sembla pourtant pas des plus agréables.

Leurs cris et leurs plaintes attirèrent quelques invités attardés, et l’on remmena chez eux les ivrognes, la grosse caisse tapant de son instrument avec obstination et la flûte régalant ses amis de couacs criards.