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pataugeant près de l’animal, qui grognait d’une façon désespérée chaque fois qu’on le touchait.

Il était d’autant plus difficile de l’attraper que sa queue, déjà courte et glissante, avait été soigneusement graissée.

Les rires des spectateurs répondaient à ceux des combattants, et les enfants radieux de ce spectacle disaient qu’ils ne s’étaient jamais tant amusés.

— Ohé ! criait un gamin, attrape la queue, Médéric, l’eau commence à la détremper ; elle a manqué me rester dans la main !

— Viens, mon petit chéri, disait un autre nageur, en montrant une pomme au cochon ; je vais faire ton affaire pendant que tu mangeras.

— Je l’ai !

— Non, c’est moi !

— Ah ! la voilà !

— Ouiche ! comptes-y, à cette heure !

— Bravo, le cochon ! criaient les spectateurs enchantés.

Un des lutteurs, souriant d’un air malicieux, se glissa enfin derrière l’animal et, profitant d’un instant où la pauvre bête fatiguée ne nageait pas, l’adroit petit Léon tourna trois fois son doigt autour de la queue et ferma brusquement la main en serrant ces bagues d’un nouveau genre.

Le cochon eut beau se débattre, le vainqueur resta ferme et le maintint vigoureusement pendant la minute voulue.

La lutte était terminée ; on fit sortir les combattants de la mare et tandis que les gamins, rentrés à la maison, se rhabillaient à la hâte, le cochon tenu