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cochon et le feu d’artifice. Finissez donc de manger et de boire, vous autres ! Voilà assez longtemps que vous y êtes, d’ailleurs. À vos instruments, la musique, et jouez-nous des morceaux soignés !

Les musiciens obéirent tant bien que mal. La grosse caisse se dirigea en trébuchant vers son siège. La flûte alla en zig-zag vers le sien et chacun des autres exécutants parvint à s’installer, après plus ou moins d’efforts pour retrouver des jambes et des idées.

Quand il fut réuni, l’orchestre partit alors comme un furieux, chacun jouant à tort et à travers. La grosse caisse et la flûte surtout ne prenaient pas le temps de respirer. L’un, tapant sur sa caisse avec une vitesse et une vigueur toujours croissantes, l’autre jouant de plus en plus faux des variations de plus en plus criardes.

Sans s’inquiéter de ce tapage assourdissant, Philéas donna le signal pour commencer le jeu du cochon[1], et l’on vit arriver une troupe de gamins en caleçon, amenant de force un petit cochon noir et jaune. Ils le poussèrent dans une mare près de la maison. À peine ce cochon fut-il à l’eau que les petits paysans se précipitèrent aussi dans la mare et chacun d’eux, tout en nageant, s’efforça de saisir la queue de l’animal.

Pour être vainqueur dans ce jeu, on devait maintenir le cochon pendant une minute sans le lâcher ; on en devenait alors propriétaire.

Les gamins riaient de toutes leurs forces tout en

  1. Jeu très aimé en Normandie