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subite. On offrit à Saindoux des rafraîchissements qu’il accepta et l’on s’installa au bosquet pour que Philéas pût y bavarder à son aise.

Philéas. — Vous devez être surpris, Messieurs et Dames, de mon arrivée étonnante pour ne pas dire inattendue. Je suis rappelé au pays, ces jours-ci, afin d’installer quelqu’un à Castel-Saindoux pour s’occuper de mon établissement pendant mon absence. Je viens d’arrêter une femme d’affaires.

Tout le monde se regarda avec stupéfaction, croyant avoir mal entendu. M. de Marsy, revenu le premier de sa surprise, s’écria :

— Un homme d’affaires, voulez-vous dire, Philéas ?

Philéas, avec aplomb. — Non, non, Monsieur le Vicomte ; j’ai bien dit et je répète, « une femme d’affaires ». C’est moins cher qu’un homme, aussi regardant et plus profitant, par conséquent.

Un rire étouffé répondit à Saindoux, qui continua en se frottant les mains :

— Je me dispose à installer Gelsomina dans ce poste important. Elle est économe et surveillera ma propriété. Mais pour parler d’autre chose, je viens inviter la compagnie (que je m’honore de fréquenter) à une fête organisée par moi. J’ai rapporté de Paris un feu d’artifice magnifique de 150 francs 75 centimes. Je le ferai tirer demain soir à Castel-Saindoux, avec accompagnement de repas, jeux, orchestre choisi et danses variées. J’ai convié tout le pays à ces réjouissances. Je serais heureux et fier d’y voir aussi ces Messieurs et ces Dames !

Les exclamations de joie des enfants répondirent