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manda de ne pas parler de ses « colibris féroces » aux autres : d’abord parce que sa modestie en souffrirait trop, et puis parce qu’il voulait se soustraire aux ovations de la foule, idolâtre de lui. Je le lui promis avec respect, car je ne crains rien tant que de déplaire à mon ami le grand homme !

Adieu, mon cher Monsieur le Vicomte ; j’aurais bien d’autres choses à vous raconter, mais le temps me manque et je finis en présentant mes très profonds, humbles, dévoués et enthousiastes hommages à Madame votre épouse, ainsi qu’à vos charmantes jeunes demoiselles. Je vous prie de me rappeler au bon, aimable, affectueux, cordial et gracieux souvenir de Monsieur votre jeune fils. À vous, Monsieur, bon et cher Vicomte, j’offre le dévouement extraordinaire, illimité, de celui qui croit pouvoir dire, sans exagération, qu’il sera pour la vie

Philéas Saindoux.

P. S. Je vous confirme avec joie que les ours gris sont doux, gentils et même timides ; que les orangs sont petits, caressants et complètement inoffensifs. Je vous dirai, de plus, que les serpents boas sont moins gros que nos couleuvres et voient seulement la nuit, le jour ils dorment comme les marmottes. J’ai vu au Jardin des Plantes des échantillons de toutes ces pauvres petites bêtes, grâce à l’illustre Polyphème, qui me mène partout et m’explique tout avec une bonté admirable.