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— Tiens ! vous avez de la chance, qu’il remarque ; je viens justement de le ramener chez lui ; sans ça, j’ignorais parfaitement son adresse et il vous aurait fallu la demander au Ministère de la guerre.

Il me semble que tout le monde devrait connaître l’hôtel de ce grand homme ! que je me dis en moi-même.

Nous arrivons ; on m’introduit chez un grand bel homme, à barbe noire comme du charbon.

Je me précipite dans ses bras en criant :

— Ah ! mon cher tueur de lions ! voilà votre Saindoux prêt à partager vos dangers et vos voyages.

Le bel homme fronce ses sourcils d’un air menaçant et me repousse en disant :

— Qu’est-ce que ça veut dire ? Qu’est-ce que vous voulez ?

— Vous êtes Jules Gérard, pas vrai ? que je demande, interloqué de cet accueil pas gracieux du tout.

— Oui ; après ?

— Moi, je suis Saindoux !

— Qu’est-ce que ça me fait ?

— Vous ne comprenez donc pas ? Moi, Saindoux, Philéas Saindoux ; moi, votre ami, j’ai accepté votre offre d’amitié, de voyage en commun… et me voilà…

Je lui explique alors que ses lettres m’ont décidé à voyager avec lui.

Le monsieur se met à rire.

— Mon pauvre garçon, dit-il, vous êtes la dupe d’un farceur ; je retourne en Algérie ces jours-ci, c’est vrai ; mais je compte y aller seul, ne voulant nullement emmener de compagnon de chasse.

Furieux, j’enfonce mon chapeau sur ma tête et