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enthousiaste ! Le voyage se fera à mes frais. Je vous attends à Paris, rue des Mauvais-Garçons, hôtel du Paon magnifique ; soyez-y dans quinze jours, au plus tard.

« Salut cordial et amitié fraternelle.

« Gérard, tueur. »

M. de Marsy hochait la tête en faisant cette lecture.

— Mon cher Saindoux, observa-t-il en rendant la lettre à l’ami de Gérard, qui se frottait les mains ; à votre place, je me méfierais de l’affection soudaine de ce Gérard. Soyez convaincu d’abord que ce n’est pas Jules Gérard, le célèbre tueur de lions ; vous voyez, à l’appui de ce que je vous dis, que la lettre est signée « Gérard », tout simplement. De plus, il n’y a pas : « Tueur de lions », mais seulement « tueur ». Tueur de quoi ? on peut supposer que c’est tueur de lièvres et de perdrix. Enfin, comme dernière observation, c’est par M. Pierrot que vous avez fait connaissance avec ce prétendu Jules Gérard ; or, cet homme qui vous en voulait depuis le feu d’artifice a été plus irrité encore contre vous par votre seconde plaisanterie, digne du premier avril.

Paul, vivement. — Laquelle donc, papa ? Je n’en avais pas entendu parler.

Philéas, riant. — Ce n’est pourtant pas grand’chose, Monsieur le Vicomte ; il n’y avait pas de quoi se fâcher et Pierrot n’y pense plus à l’heure qu’il est, je vous assure. Voici la farce que je lui ai faite, monsieur Paul. Je lui dis un jour : « Je fais des plantations importantes et je suis trop occupé pour aller à la ville ; vous qui y allez, Pierrot,